La Semaine Sainte 2020
MEDITATIONS pour la SEMAINE SAINTE
- Le JOUR de PÂQUES
Nous célébrons ce soir le cœur de notre vie de foi. Nous venons d’entendre l’annonce de la Résurrection faite par l’Ange aux femmes mais également celle proclamée dès l’ouverture de cette grande vigile retraçant l’Alliance Sainte du Peuple de Dieu en marche vers la Jérusalem céleste. Face à l’annonce de la Résurrection, nous sentons bien, comme les femmes, que nous sommes remplis de joie et d’une certaine crainte : joie immense de découvrir que le Christ que nous avons accompagné en ces Jours Saints, est ressuscité comme il l’avait annoncé mais également habités d’une crainte d’avoir à être dépositaires de ce témoignage qui dépasse le temps et l’espace. C’est pourquoi, il nous faut entendre les mots de l’ange puis du Ressuscité : « soyez sans crainte ! ».
De quelle manière allons-nous être témoins de la Résurrection ? L’événement, la réalité de la Résurrection, dépasse les tentatives d’explications qui pourraient arranger la pensée rationnelle de l’homme. En effet, Jésus est le Fils de Dieu, serviteur souffrant qui a offert sa vie, ressuscité par la puissance de Dieu comme il l’avait annoncé. Mais pour approfondir le mystère de notre foi, il nous faut redécouvrir l’histoire de l’alliance entre Dieu et l’humanité telle que nous venons de l’entendre où Dieu n’a cessé d’inviter l’homme à la vie, l’arrachant à la mort. Cette victoire finale, c’est celle que nous célébrons en ce Jour, inscrite dans ce témoignage d’une longue fidélité de Dieu à l’égard de l’homme depuis les origines jusqu’à nos jours et jusqu’à la fin des temps.
Cette fidélité ne cesse de nous rejoindre aujourd’hui dans les épreuves que nous vivons. Nous pensons particulièrement à celle que nous traversons actuellement alors que nous vivons cette pandémie du coronavirus. Beaucoup, parmi nous et autour de nous, vivent ces jours en portant le chagrin du décès, d’un de leurs proches. Beaucoup sont aussi habités par l’inquiétude de savoir une personne malade à cause du virus ou d’une autre maladie mais aussi par l’issue de cette épreuve difficile que nous vivons. En surmontant le vide que nous expérimentons, en poussant et en dépassant les portes du confinement, nous traversons ce passage pour y découvrir l’Espérance qui s’est ouverte au matin nouveau.
C’est pourquoi la rencontre du Ressuscité nous est précieuse en ces temps difficiles où nous expérimentons plus particulièrement notre fragilité, notre vulnérabilité. Elle nous invite à dépasser la nuit non seulement parce que la nuit se succède au jour mais aussi parce que la nuit de l’humanité est habitée de la lumière du Christ, celle que l’Église célèbre au matin de Pâques. En ces jours, comment ne pas penser à cette image qui nous a tous marqués de l’incendie de Notre-Dame de Paris, alors que nous étions impuissants, l’an passé en voyant cet édifice, perle architecturale, joyau de l’histoire, de la culture, de notre nation, ravagé par les flammes. Aujourd’hui, cette cathédrale en reconstruction est certes vide de sa nef et encore habitée d’une charpente calcinée.
De cette allégorie, nous pensons à ce que nous vivons depuis quelques semaines : d’autres espaces se sont vidés, nos rues, nos espaces communs de vie… Ce vide n’épargne pas nos lieux de culte, d’une place Saint-Pierre de Rome déserte comme aujourd’hui où nos églises paroissiales célèbreront Pâques sans ses paroissiens. Si nous pouvons nous rejoindre par les outils de communication pour rester en lien, rien ne pourra remplacer l’Incarnation c’est-à-dire nos rencontres, nos rassemblements, notre présence vivifiante qui signifient l’Église. C’est précisément le Ressuscité que l’Église célèbre sur l’autel dans le sacrifice eucharistique. C’est ainsi que l’Église prend sens, se réalise et se manifeste concrètement en célébrant le mystère pascal à chaque messe.
Face à ce que nous vivons de manière inédite en cette fête de Pâques, nous ne pouvons pas vivre comme si rien ne s’était passé ; nous ne pouvons pas vivre sans consentir à la totalité du réel mais nous pouvons vivre parce que Dieu nous donne la vie, parce qu’il nous relève de la mort et parce qu’il nous appelle à vivre en Lui. C’est ainsi que la foi trouve son sens dans un langage mais aussi un visage intelligible dans les gestes que nous portons autour de nous, pour nos frères et en particulier à l’égard des plus petits et des plus pauvres. Les quelques initiatives paroissiales qui sont nées ces derniers temps, sont autant de manière de signifier concrètement notre communion.
Mais nous le savons, le Ressuscité à nos côtés ne peut nous décevoir car Dieu n’abandonne jamais l’humanité, il est toujours avec elle. Dans la foi, nous reconnaissons sa Présence dans l’écoute de sa Parole, dans la participation à sa vie, dans le service de la charité. C’est ainsi que la joie de Pâques nous donne de surmonter nos doutes, nos craintes, nos faiblesses, notre péché. Par le don de l’Esprit-Saint, sa présence nous édifie, nous fortifie dans notre intelligence, dans notre liberté, dans notre volonté pour véritablement choisir la Vie, celle de croire et de témoigner qu’il est Ressuscité « car il nous précède en Galilée ».
Frères et sœurs, parce que le Ressuscité nous appelle à vivre de cette Bonne Nouvelle de Pâques, parce que nous sommes en communion, soyons témoins de la miséricorde de Dieu qui ne cesse de se manifester par le don de sa Vie.
Belle fête de Pâques !