« Le temps supérieur à l’espace »

Pour guider ce qui fait la vie de l’Eglise et sa mission, nous pensons à un principe cher au pape François : « le temps est supérieur à l’espace ». Faire l’expérience du temps, c’est constater que les moments et les événements se succèdent sans toutefois les maîtriser. A l’opposé, l’espace signifie davantage le cadre fixe qui peut être maîtrisé, contrôlé. En nous invitant à privilégier le temps sur l’espace, le pape nous invite à « initier des processus plutôt que de posséder des espaces ».

C’est une invitation à déplacer la priorité donnée au court terme et au résultat immédiat pour faire l’expérience de la durée. C’est pourquoi, il nous faut consentir à une certaine fragilité, celle de perdre le contrôle total, de se désapproprier du résultat de l’action réalisée, celle d’accepter un résultat différent de celui qui était attendu. C’est précisément cette fragilité qui permet de susciter la nouveauté. Si nous en restons dans une logique de maîtrise, de contrôle absolu, la création n’a plus sa place. Initier une dynamique, lancer des initiatives nouvelles, sans vouloir tout maîtriser participe de cette priorité du temps. Pour notre communauté paroissiale, à la suite des disciples qui ont entendu l’appel du Christ sur les bords de la mer de Galilée, nous y voyons un appel à nous laisser déplacer au-delà de nos conforts sécurisants, de nos certitudes et de nos raisonnements.

En accueillant cet appel à la conversion à cause du Royaume des cieux, nous pourrons certainement mieux discerner, accueillir ce que « l’Esprit dit aux Églises » et ainsi ouvrir de nouveaux chemins pour que l’Évangile puisse être proclamé à temps et à contretemps. Sans toutefois opposer le temps et l’espace, il nous est bon de les articuler afin que des « espaces de rencontres » puissent toujours plus émerger. C’est le cœur de la vie de l’Église où dans la diversité de nos charismes et de nos talents, dans la souplesse et la bienveillance, chacun est appelé à édifier l’unité de notre paroisse au nom du Christ. Elle prend Corps dans l’Eucharistie que nous célébrons, dans l’action de grâce de notre humanité, faite de ses faiblesses et de ses pauvretés. C’est ainsi que l’Église nous envoie avec la force de l’Esprit-Saint pour annoncer les merveilles que Dieu accomplit en chacune de nos vies.

Rendons grâce pour les appels que l’Église suscite pour que l’Amour de Dieu puisse visiter notre monde. En contemplant la Parole de Dieu que le pape François nous invite à célébrer particulièrement en ce dimanche, nous y découvrons toujours plus les appels pour vivre en profondeur et en communion notre relation avec Dieu et avec nos frères et sœurs.

P. Emmanuel Bouchaud